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2021 ou les certitudes de l'incertitude

La question "que va-t-il arriver ?" est certainement et paradoxalement moins vertigineuse que la suivante "que s'est-il passé ?"


La dernière question oblige à un triple effort de résonance et non de performance : comment je me suis laissé touché par ce qui (m') arrivait ? comment j'ai répondu ? comment cela m'a transformé ? (ce que j'ai désappris, appris et réappris) et, question subsidiaire, Comment trouver mon nouveau "flow" ? ("flow" : cette "expérience optimale" selon l'expression du psychologue Mihaly Csiksentmihalyi : des moments magiques où concentration et plaisir s'harmonisent, tandis que le temps lui-même devient a-temporel).

NB1 : Quelle différence entre désapprendre et à apprendre ? Vous avez certainement appris qu'une journée de 7 heures en présentiel n'est pas équivalente à 7 heures en visioconférence, pourtant vous (ou votre équipe) n'avez pas désappris cette durée des 7 heures "productives" et vous faites toujours "plus de visioconférences".


NB2 : Quelle différence entre apprendre et réapprendre ? Réapprendre à vivre avec des questions, par exemple, plutôt qu'avec des réponses. Nous l'avons peut-être oublié mais un enfant entre 2 et 5 ans pose 40 000 questions, soit environ 300 par jour quand vous avez 4 ans (d'après l'étude de Paul Harris, un professeur en éducation de la Harvard Business School spécialisé dans les questions-réponses des enfants qui s’est appuyé sur les travaux de la psychologue Michelle Chouinard mené en 2007 et a extrapolé ses données).


Plus que le futur, dont une des certitudes c'est que nous devons (vraiment) l'inventer, c'est notre rapport à la transformation qui a été mis à nu. (Pour plus de détails, vous pouvez revoir notamment l'un des WebinaRX sur les changements de paradigmes ici).


Autre certitude, nous avons tous été novices cette année face à la feuille blanche. Beaucoup ont voulu combattre l'ignorance, notre vulnérabilité collective révélée, en écrivant sur cette page blanche en noir et blanc avec des certitudes, des recommandations d'hier, voire en alimentant ce que j'appelle un "blamestorming collectif" (ou l'art de rejeter la faute sur l'un ou l'autre, plutôt que de relire sa propre responsabilité).


De notre côté, nous faisons le pari de la couleur avec l'Imagination Augmentée et ce qui nous rend humains, notre intelligence : notre capacité à penser, dé-penser, re-penser et jouer avec les possibles. L'Imagination Augmentée (qui est aussi un petit pied de nez à l'Intelligence Artificielle), invite à (accepter d') aller chercher d'autres forces d'inspiration et d'autres "approches créatives" car c'est bien d'hypercréativité dont nous avons besoin pour apporter des réponses neuves et développer des stratégies positives.



Pour le dire autrement, ce n'est pas en ajoutant une dimension éthique, sociale et responsable à l'innovation, à votre fonctionnement d'équipe ou à votre stratégie de demain que vous aurez formulé "un nouveau pensé", de surcroît positif et enthousiasmant. Vous aurez fait "plus de", pour reprendre l'expression de Paul Watzlawick dans son fameux livre "comment réussir à échouer : trouver l'ultrasolution". Dans cette incertitude, le paradoxe c'est que l’on vous a peut-être demandé d'appliquer l'ultrasolution, à savoir faire deux fois plus pour conjurer le (mauvais) sort… Maîtriser, prévoir, anticiper malgré tout, agir toujours plus dans l’urgence pour gagner des victoires rapides, traiter toujours plus d’informations (contradictoires), être toujours plus agiles et adaptables. Il en fallait certainement un peu de cette ultrasolution tant le contexte était inédit mais cela pose deux problèmes comme l'explique Paul Watzlawick : « Deux fois plus n’est pas nécessairement deux fois mieux », par exemple, doubler la dose de médicaments ne fait pas guérir plus vite ou deux fois mieux.


Le deuxième problème relevé par le psychologue provient de l'injonction elle-même qui peut créer une dynamique à court-terme, mais peut aussi vite nous user. Pour parler concrètement, il suffit de se reporter notamment au baromètre d'OpinionWay de juin sur la santé psychologique des Français post-confinement I pour constater l'émergence du Télé-Taylorisme et la hausse inédite des risques psychosociaux (le baromètre lié au confinement II sera publié demain).


2020 nous a tous fait vivre une eXpérience Radicale de la pensée, plus ou moins heureuse : tous nos repères ont été percutés, ce que nous croyions admis, ce qui nous semblait évident, le temps, l'espace et notre relation aux autres. Nous avons fait parfois comme nous pouvions mais aussi comme nous voulions ; c'est aussi notre choix de "faire autrement".


Le RX-THINKING©, "R" pour Radical, "X" pour eXpérience et "T" Thinking invite à bousculer positivement et joyeusement les repères pour trouver des solutions inédites et positives.


Mais l'approche vous fait faire un détour ou des détours, notamment avec 4 forces d'inspiration que sont le Beau, le Bon, le Juste et l'Utile : quatre nouveaux critères (KCCIs pour Key Conscious Creative Indicators) pour réveiller notre capacité imaginante en allant explorer les terra incognitae de demain (ce que l'on ne sait pas que l'on ne sait pas) et en se réinterrogeant radicalement sur notre vision du succès.

Ceux-ci peuvent sembler totalement déconnectés de votre réalité, surtout si vous êtes dans le "deux fois plus". Je partage ci-dessous le visuel de la carte mentale dynamique des KCCIs qui n'est autre qu'un terrain de jeu à explorer en ligne pour nourrir un premier niveau de réflexion stratégique sur votre contribution positive aux enjeux environnementaux, aux enjeux des communautés avec lesquelles vous interagissez, à votre espace de travail et à votre activité.

et je m'arrête un instant sur la notion de besoins pour partager rapidement comment intégrer l'Utile et le Sens dans nos réflexions.


La période Covid que nous traversons nous a fait opérer un retour aux questions premières concernant nos besoins : Quels sont ceux qui sont essentiels et non-essentiels ?


La pyramide des besoins de Maslow en a pris "un sacré coup" au passage (qui n'était d'ailleurs pas une pyramide au départ, mais c'est un autre sujet ;-)) : certains qui étaient précédemment dans la reconnaissance revenaient aux besoins vitaux les plus fondamentaux ; tandis que d'autres, précédemment dits "invisibles", tutoyaient le besoin de reconnaissance.


Avec le RX-THINKING©, nous vous invitons notamment à relire la notion de "besoins" à l'aune de la pensée développée par l'économiste chilien Max-Neef, auteur de "Human Scale Developement" en 1991, qui présente ses expériences économiques auprès de populations démunies de l'Amérique du Sud. Il en retiendra un grand principe "Il fait valoir que les modèles traditionnels de développement économique et leur mode d'analyse et de mesure (telles que le produit intérieur brut - PIB) ne prennent pas en compte l'être humain dans ses dimensions sociales et psychologiques, pas plus qu'elle ne prennent en considération les aspects environnementaux impactés par l'activité humaine et qui l'affectent à leur tour." Il conçoit une autre approche des besoins, dite théorie des besoins fondamentaux, qui peut se définir ainsi "Satisfaire nos besoins sans mettre en péril nos autres besoins, les besoins d’autrui et les besoins de notre planète"

Max-Neef souligne ainsi la définition de la durabilité selon le rapport de Bruntland en 1987, à savoir que nous devons nous concentrer sur un modèle de croissance qui répond aux besoins humains dans le présent sans rendre difficile ou impossible pour les générations futures de répondre à leurs propres besoins.


Cette approche nous semble très précieuse pour re-penser les besoins de vos clients (qu'ils soient internes, externes, directs ou indirects) et comment les satisfaire dans une logique positive et durable.


Au lieu d'un modèle pyramidal, Max-Neef place l'humain au milieu d'une "toile de 9 besoins humains universels ou critères axiologiques (relatifs aux valeurs morales) qui forment un système (pas de hiérarchie entre eux) : la subsistance, la protection, l’affection, la compréhension, la participation, les loisirs, la création, l’identité et la liberté.


Il affine sa taxonomie des besoins avec des critères ontologiques (relatifs à ce qu’est l’être humain) à travers 4 verbes : être, avoir, faire (au sens de créer) et interagir.


À partir de ces dimensions, il développe une matrice de 36 cellules ou 36 "espaces de besoins"



Vous pourriez me demander "Qu'en faire ?" Pour répondre simplement, cette grille de lecture sert comme nouvelle "carte éco-empathique" avec un questionnement approfondi

1. le premier intérêt est lié au regard nouveau que l'approche nous invite à poser sur la stratégie et la prise de décision en matière de développement durable ou développement positif (selon notre terminologie).


2. Le deuxième intérêt (plus concret) de son approche consiste à être obligés de basculer vers un paradigme qui embrasse l'inter-complexité des choses, en particulier en ce qui concerne la satisfaction des besoins : le besoin de protection, par exemple, est essentiel pour l’être humain, au même titre que le besoin d'appartenance. Alors que nous avons tendance à nous focaliser sur un besoin-clé à satisfaire.


3. Le troisième intérêt tient à la précision requise : pour Max-Neef, nous confondons souvent besoins et stratégies de satisfaction de ces mêmes besoins. Il faut distinguer, un besoin qui est un état interne, de la stratégie de satisfaction du besoin (la stratégie est un "combleur" et non un besoin). Par exemple, nous avons tendance à dire que la nourriture est un « besoin ». Or selon Manfred Max-Neef, la nourriture n'est pas un besoin mais un « combleur » (ou "satisfiers" en anglais) qui répond à notre besoin de subsistance.


4. Pour le sociologue, nous avons tous les mêmes besoins : ce qui change dans chaque société, c’est la façon d’y répondre et les biens utilisés pour créer les réponses. En contexte de rareté des ressources, se réinterroger sur les biens utilisés s'impose.


5. Enfin, pour satisfaire ces besoins humains fondamentaux, Max-Neef nous incite à apporter des réponses synergiques (c'est le point le plus critique, au sens positif du terme, et qui est très similaire à l'intégration des Objectifs de Développement Durable en stratégie) : c'est-à-dire concevoir des actions qui répondent à plusieurs besoins en même temps sans effet négatif sur d'autres besoins.

Par exemple, si vous souhaitez répondre au besoin de subsistance de personnes, il faudrait enrichir la réflexion en imaginant comment une solution pourrait aussi répondre à d’autres besoins en même temps, entre autres, aux besoins de participation, de compréhension, de protection, de liberté. Cette manière de penser l’action et de la mettre en œuvre aura alors un retour positif sur la subsistance. Concevoir l’action en termes d’un seul besoin peut paradoxalement nuire à ce besoin et aux autres si nous ne pensons pas écosystèmes et chaînes de valeur étendue.


La dernière certitude de l'incertitude c'est donc qu'il n'y a (vraiment) plus d'ultrasolution et que l'Imagination Augmentée n'est plus une option !


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